Publié le 21 mars 2023


Liège: se relever après les inondations

Quelques mois après les inondations qui ont frappé la Belgique, nous voulions faire le point sur la situation actuelle des points de vente touchés. Dans cet article, nous vous proposons un focus sur deux librairies-presse qui ont vu leur commerce entièrement ravagé : la Librairie du Gravier et la Librairie Dethier.

Librairie du Gravier : une situation au point mort

« Je suis libraire-presse depuis vingt-huit ans à Chênée. Le 14 juin, j’ai déménagé dans un autre point de vente en face de ma librairie-presse d’alors pour agrandir mon commerce. Le 14 juillet, soit un mois plus tard, nous avons été touchés par les inondations. Le nouveau magasin a été entièrement détruit, ainsi que toutes les nouvelles marchandises.

Bien décidé à ne pas lâcher l’affaire, j’ai remis mon commerce en ordre de marche et j’ai pu rouvrir le 26 août. Malheureusement, un peu moins de deux mois plus tard, soit le 20 octobre, la Ville de Liège a décidé que le bâtiment n’était pas occupable.

J’ai été assez surpris, car le même expert était venu deux mois avant et m’avait laissé ouvrir la librairie-presse. J’ai également reçu un avis du service sécurité et santé de la ville de Liège m’obligeant à fermer. La police m’a purement et simplement mis dehors en arguant qu’un rapport d’expert avait été fait et que cela pouvait être dangereux.

En tant que locataire je n’ai pas de possibilité de recours. La propriétaire pourrait peut-être agir, mais nous n’avons aucune nouvelle. Nous n’avons pas non plus de dates pour d’éventuels travaux donc il est impossible de savoir si et quand le bâtiment va être réhabilité.

Face à cette situation au point mort, je suis en pourparlers pour un autre local tout proche mais le loyer est plus élevé. Au niveau de la trésorerie, il n’est pas aisé de débourser 1.500 euros de charges de plus par mois et de déposer une caution de 10.000 euros ! Certes, je ne recommencerai pas de zéro car une partie de la clientèle est toujours en attente de la réouverture de mon point de vente, mais c’est une sacrée somme d’argent.

Actuellement, je suis donc totalement à l’arrêt depuis le mois d’octobre. J’espère toujours pouvoir rouvrir le plus tôt possible, car on ne tourne pas une page de vingt-huit ans comme ça d’un coup. J’ai envie de repartir, la librairie-presse c’est toute ma vie ! En attendant, j’ai proposé à plusieurs collègues de faire des remplacements chez eux quand ils ont besoin de quelqu’un ou quand ils partent en vacances. Cela me permet de continuer à exercer mon métier. »

Librairie Dethier : repartir de zéro

« Une fois que l’eau a été évacuée et que nous avons pu accéder à notre commerce, nous n’avons pu que constater les dégâts. Il ne nous restait simplement plus rien, ni vitrine, ni matériel, ni mobilier.

La première étape fut donc de chiffer le montant des pertes, que ce soit au niveau des marchandises mais également du matériel. Comme nous voulions garder notre magasin au même endroit, nous avons profité de cette catastrophe pour le rénover entièrement. C’était quelque part l’occasion de repartir de zéro. Cela n’a pas été évident, car on nous annonçait des délais entre dix à douze semaines pour les commandes de matériel. Il a aussi fallu reconstituer un stock et donc reconstruire tout notre point de vente.

Cinq mois après les inondations, nous avons pu rouvrir notre librairie-presse entièrement rénovée. Le bureau et la réserve sont encore des zones de guerre mais ils n’étaient pas prioritaires. Notre objectif était de pouvoir recommencer à travailler dès que possible.

Au moment de la fermeture, notre commerce tournait plutôt bien car un collègue des environs venait d’arrêter donc nous avions récupéré une partie de sa clientèle. Nous avions une bonne dynamique et c’est aussi ce qui nous a motivé à ne pas tout laisser tomber.

Pour l’instant, nous réalisons 30% de chiffre d’affaires de moins quand on compare avec la situation avant les inondations. Mais cela s’explique aussi par le fait que les habitants ne sont pas encore tous revenus, leurs logements ayant été détruits. Nous avons d’ailleurs aussi perdu notre maison dans l’aventure donc nous avons dû mener les deux combats de front.

Cela n’était pas une mince affaire, mais nous sommes persuadés que nous avons fait le bon choix ! »

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