Publié le 21 mars 2023
Librairie de la Gare (Beauraing): dix ans d’idées à succès
Pendant longtemps, les voyageurs qui passaient par la gare de Beauraing pouvaient se reposer entre deux trajets à L’hôtel du Luxembourg. Situé juste en face des voies de chemin de fer, le relais accueillit ses derniers clients en 1984 avant de devenir la Librairie de la gare.
Créée par deux belles-soeurs qui y travaillèrent durant vingt-neuf ans, la librairie changea de propriétaire en 2013 lorsqu’elle fût reprise par Maxime Stelleman. Bientôt dix ans après son entrée en fonction, il a su garder ce qui faisait le charme de son commerce, tout en apportant ses innovations et en rénovant entièrement sa librairie-presse l’an dernier. Bienvenue dans l’univers de Max, où les idées fusent sans cesse !
Tout a commencé chez… Night & Day
Il y a onze ans, j’étais à la recherche d’un boulot. Un de mes copains était le gérant de trois magasins de la chaîne Night & Day et comme c’est un univers qui m’attirait, j’ai postulé chez lui. Dès le lundi suivant, j’ai commencé à travailler dans un de ses points de vente et cela m’a directement plu.
Après un an dans ce Night & Day, j’ai décidé de prendre mon envol en tant qu’indépendant et je me suis mis à la recherche d’une librairie- presse à reprendre. Une première piste menait à Dinant, mais le commerce n’était pas viable.
Et puis, un beau jour, je suis arrivé à Beauraing lors d’une balade à vélo et je suis rentré dans cette librairie-presse pour acheter un Win for life. Malheureusement je n’ai pas gagné, mais en discutant avec la vendeuse, j’ai appris que le point de vente était à remettre.
Évidemment, j’ai pris le temps de me renseigner et d’analyser la situation avant de me lancer. Comme je connaissais bien les propriétaires, cela a été vite réglé. Deux mois plus tard, me voilà propriétaire du bâtiment et du fond de commerce. C’était le 2 janvier 2013.
Une reprise tout en douceur
La première année d’exploitation, j’ai préféré ne pas tout chambouler et j’ai juste effectué quelques ajustements. J’avais plein d’idées en tête, mais ma principale préoccupation était que la reprise se fasse en douceur et que les clients habituels ne soient pas totalement déboussolés lorsqu’ils poussaient la porte de mon magasin. Les employés sont également restés travailler pour moi. Le mot d’ordre était avant tout la continuité.
Durant environ deux ans, les deux personnes qui travaillaient dans la librairie-presse étaient là à temps plein, donc je m’occupais surtout de l’encodage et de la comptabilité. Les anciens propriétaires étaient toujours disponibles en cas de question et m’ont épaulé quand j’en avais besoin. Ce temps m’a aussi servi pour évaluer les changements bénéfiques que je pourrai apporter et recueillir les demandes des clients. Même si j’avais déjà des idées, cela restait fort flou. Mais, à un moment, tu dois te lancer donc tu testes des nouveautés et tu apprends de tes erreurs.
Souriez, vous êtes photographiés
Parmi les services que l’on a développés et qui fonctionnent du tonnerre, il y a le photomaton. À plusieurs reprises, des clients étaient venus me demander s’ils ne pouvaient pas venir faire leur photo d’identité ici, car cela n’existait pas à Beauraing. J’ai donc sauté le pas et commandé un photomaton qui a ajouté un véritable plus dans la librairie-presse. Cela doit faire six ou sept ans qu’il est là et il est utilisé tous les jours. Les clients ont aussi la possibilité de développer leurs photos via une borne spécifique.
Et puis, il y a quatre ans, j’ai décidé de faire évoluer ce produit avec les bornes à selfies. Baptisées les “Friends Box”, elles se louent pour un événement comme un mariage ou un anniversaire. C’est une offre que nous gérons en interne de A à Z et qui tourne plutôt pas mal en Belgique, en France (nous ne sommes pas loin de la frontière) et même au Luxembourg. Je pense que nous avons une bonne visibilité car les demandes viennent d’un peu partout en Belgique.
Du colis en veux-tu en voilà
Après le service photo sont venus les paris sportifs (actuellement je travaille avec trois opérateurs différents pour que mes clients puissent comparer les cotes), puis les colis avec Mondial Relay. Voulant me diversifier au niveau de mes fournisseurs, j’ai évolué dans ce secteur et je travaille désormais avec tous les opérateurs de colis du marché. Oui, les colis demandent de la gestion et prennent du temps, mais aucun autre produit ne ramène autant de monde dans un point de vente. Et chaque client qui passe est une opportunité !
À côté de cela, j’ai évidemment de la carterie, les produits de la Loterie Nationale, des bougies (de grandes marques, mais aussi d’autres fabriquées par un artisan de la région) ou encore quelques cigares qui accompagnent ma grande offre de spiritueux.
Forcément, en étant passé par Night & Day, je me suis un peu inspiré de leur concept en augmentant mon offre de boissons et de confiserie, mais je me suis arrêté là. Je ne voulais pas trop me lancer dans la nourriture.
Rénover pour mieux stocker
Un problème assez classique auquel on est confronté en librairie-presse, c’est le manque de place. À un moment, à force de proposer des nouveaux produits, on se retrouve un peu à l’étroit. L’idée de faire des travaux d’agrandissement s’est tout naturellement présentée, mais cela demande un certain budget.
Le COVID est alors arrivé et j’ai dû me séparer d’une employée, me retrouvant à travailler seul dans la librairie-presse pendant un an. Le bon côté de la chose, c’est que cela m’a permis d’économiser et d’avancer la date de mes travaux.
En septembre 2021, nous nous sommes donc lancés dans deux mois de rénovation et d’agrandissement. C’est grâce à cela que j’ai pu créer La cave de Max et allouer davantage d’espace aux produits qui m’intéressaient le plus.
Cependant, même après les travaux, j’ai été confronté à un manque de place pour stocker les colis. En effet, notre réserve s’est révélée trop petite et nous avons profité de cet été pour construire une plateforme extérieure annexe au commerce.
La cave de Max
Un des produits de diversification qui me tient particulièrement à cœur, ce sont les spiritueux. Fin 2021, j’ai introduit La cave de Max : une pièce vitrée au centre de mon point de vente dans laquelle je propose une offre d’alcools que l’on ne trouve pas dans les grandes surfaces.
Mon envie était de développer des produits de qualité qui parleraient aux connaisseurs et donc d’avoir la formation nécessaire pour conseiller au mieux mes clients. Récemment, j’ai passé et réussi mon examen de niveau deux au WSET (The Wine & Spirit Education Trust).
Cela me donne un diplôme reconnu dans le monde du spiritueux et un bagage en plus pour faire de la publicité autour de La cave de Max.
Il s’agit vraiment d’un produit spécifique à ma librairie-presse et qui me permet de me démarquer de mon collègue au centre de Beauraing, qui est plutôt dans le livre.
Le Lotto rapporte gros…
La communication sur les réseaux sociaux est primordiale. Le plus bel exemple est sans aucun doute la fois où j’ai lancé un concours “Sapins de Noël de la Loterie” sur ma page Facebook. Cela a assez vite pris une ampleur énorme et je suis passé de 1.000 à 12.000 followers en environ trois mois ! J’ai aussi remarqué que le côté humain joue beaucoup : quand je publie un gain sur Facebook avec ou sans moi sur la photo, je vois la différence.
Depuis, je n’ai jamais cessé de faire de la publicité sur les gains lotto remportés dans mon point de vente en les publiant systématiquement sur Facebook. À nouveau, les clients ont répondu présents puisque les gens continuaient d’affluer en librairie-presse. Plus je faisais de publications et plus les clients venaient.
Le chiffre d’affaires de la Loterie Nationale a donc augmenté et désormais je pense que nous avons une moyenne de quatre gains entre 500 et 1.000 euros par semaine. Et, évidemment, pendant les fêtes de fin d’année, c’est le moment idéal pour relancer une incentive autour du lotto.
… les idées aussi !
Chaque année depuis trois ans, en plus des pochettes et des sapins qui s’arrachent en cette période, je vends des boules transparentes avec des billets d’un montant total de dix euros à intérieur.
Pour la cuvée 2022, j’ai innové un peu puisque, en collaboration avec une connaissance qui travaille dans les décorations de ballons, j’ai proposé à la clientèle de personnaliser sa boule de Noël. Ainsi, vous pouviez y imprimer un mot en particulier ou le prénom de la personne à qui vous souhaitiez en faire cadeau. En 2021, nous avons vendu pas moins de cent cinquante boules en deux semaines avant Noël. L’année dernière, j’en avais commandé trois cents. Et si cela ne partait pas, au moins j’aurais tenté le coup et je n’aurais pas eu de regrets… mais j’avais confiance dans ce produit !
De manière générale, je pense que si tu veux avoir des idées, tu en auras toujours. Parfois cela fonctionne moins bien, c’est alors à toi d’être assez dynamique pour rebondir. Je me dis toujours que ma librairie-presse vit parce que je me bouge. Si je restais derrière mon comptoir à attendre que les journées passent, je perdrais de la clientèle…